Kurztexte in C-Zeiten

Ursula Reuter Christiansen

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ich rette leben, solidarisch ist, wer am meisten stirbt, du sollst nicht bellen, du sollst nicht atmen, du sollst nur ätmeln, krieg ist ein denkfehler, krieg ist eine logische konsequenz des nicht sein wollen der seienden, krieg ist angst mit anderen mitteln, du bist der hürde am nächsten, du bist der würde nicht nah, du bist ein denkfehler, du bist ein fehler, du kriechst zu deinem tode, du bist nichts als der vogel, dessen name du vergisst, du fliegst zum atmen in die luft, du bist der feind, du bist ein zuhause für unsichtbare, du bist zu sichtbar für kleine feinde, du musst verschwinden, du musst dem feind keine chance geben, du musst aufhören, zwerg zu sagen, du musst schneewittchen retten

Billet d’humeur, 18 avril 2020

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Alyssa A. De Luccia

Oui. Non. Si. Peut-être. Non. Non. Éventuellement. Non. Il y en a qui pensent. Qui savent. Qui pensent. Qui ne savent pas. Qui sont cuits. Tièdes. À point. Sans ail. Des convictions. Des cris. Des pleurs. De belles histoires. Tristes. De beaux draps. Des ministres. Surmenés. Des achats superflus. Des indigents. Des risques. Des cas. D’autres cas. Des vérités partielles. Des philosophes. Des vérités totales. Des médecins. Des à plaindre. Des sans. Des moins à plaindre. Des moines. Des plinthes. À nettoyer. Calmer. Angoisser. Escales. Sur un rebord de fenêtre. Des jonquilles. Des va-et-vient. Des tours de salon. Des infirmiers.

Des hyènes. Des voisins méfiants. Des animaux de compagnie. Des carottes. Des infirmières. Des salades de carottes. Des salades de mots. Des téléphones. Des coups. Des réseaux. Des journées. Des mots qui. Des mots que. Des morts. Des morts dont. Des aides-soignants. Des caissières. Des frontières. Guerres. Du vide. Du temps. Du vide et du temps. À laisser vide. Le temps. Plein de trous. Du temps trou. Des vides de temps troué. Qui avancent. De date. Des nouvelles du, de la. Des pays. Des pays et des gens. De l’argent. Des gens. Des chiffres.

Des invisibles. Ennemis. Imprévisibles. Des néants. Des trous. De temps. Des trous de néant. Des questions. Raisons. Sans raison. Sans tort. Avec des jeux. Des roues. Des trous. Des roues. Des trous. Des dés. Des dés troués roués de coups. Des hasards. Un sourire. Un jour. Encore un jour. Ordinaire.

Billet d’humeur, 4 févr. 2019

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Franticek Klossner, Melting Selves

La pose, un vide dans la danse, poser, reposer, lèvre boudeuse ou pas, poseurs de bombes, ou à retardement, je pose loubard, le lis, j’écoute en marge, je pose lecteur, rockeur , looser,  extrémiste, gauchiste, fasciste, le club des poseurs, je pose les jalons pour une pose nouvelle, je crache, j’éructe des musiques obscures, je me pose sur un socle d’avant la garde, je m’impose, après les poses fin d’espèce, je pose humaniste, je  braille la lippe larmoyante, je pose acnéique et obscène et fuck le système, je pose dans les clous, une pause hors piste, la pose est triste hélas, et j’en connais tous les cuivres, le saxophone de biais, je me pose au centre de la scène, je me pose là comme une clé de sol qui se dérobe, des poses mineures, majeures, des bas de gamme, je pose du neuf déballé d’un vieux carton,  une pose, un objectif, un placement de produit, il te faut un créneau,  après une page de publicité, dis-moi ce que tu poses et je te dirai qui tu ne seras jamais, tu tends vers la pose adverse, ton carrelage, tu l’alignes, tu poses bourgeois fin de siècle, dandy speedé, jeune décoiffé, vieux en salopette, poète, tu poses entre deux âges, tu hésites sur la pose, tu poses gun en goguette ou animal en laisse, tu te laisses influencer par une pause plus courte, tu changes de pose, tu t’ennuies, tu t’ennuies et tu angoisses, on te vole ta pose, on pose mieux, on invente des poses qui te dépassent, tu déploies le champagne, tu te défonces à la poudre blanche,  tu poses en rond jusqu’à ce qu’on te dépose devant un écran, Lire la suite

Billet d’humeur, 16 octobre 2018

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François Pompon, Ours blanc

des pensées zigzaguent sur l’asphalte encore chaud d’octobre, si j’ai été moi, je ne suis plus moi, je suis un moins-moi, ein Weniger-Ich selon reformulation par une philosophe allemande du moi pluralisé obligé de frôler partout la différence,  de se réduire,  la possibilité d’une île, nous sommes personne, personnes en haillons, idées décousues qui essaient de s’ancrer dans des identités perdues, rêvées, fictionnelles, imaginées, joliment dessinées sur du papier toilette de la marque, non pas de publicité subliminale s’il vous plaît, d’une marque quelconque disons, l’unité n’a jamais été, le pluriel de tout temps a côtoyé les hêtres du clos fleuri avec son grillage si beau que les géraniums n’avaient qu’à sourire d’aise, mais la fiction, allons, construite à force de montagnes de cadavres européens guerroyant de cheval en tranchée, de char d’assaut en mitrailleuse embrigadée, définition de ce que nous sommes gagnée avec tout ce sang, der Mensch ist ein Gewohnheitstier, l’habitude du clocher de la chemise dominicale, on ne peut pas ne pas, non, on ne peut, ne peut pas ne pas pleurer la petite maison aux enfants si doux chantant en patois autochtone la rivière et le lierre, la bière et la frontière, nous avons une patrie, parce que nous l’avons prise, ou alors on nous l’a donnée parce que personne n’en voulait, de force nous avons ancré nos crocs dans le sol gelé, et nous nous sommes habitués, nous ne savons pas vraiment à quoi nous nous sommes habitués mais nous avons des principes, nous ne savons pas exactement lesquels parce que ceux de notre voisin qui plante ses buissons trop près de chez nous et puis moches avec ça, les buissons, ça ne nous a pas non plus beaucoup plu comme principe, comment dire, la pluie et le beau temps, voilà, nos principes, c’est ça, nous en parlons, gens de la même espèce, dans notre patois, voilà nos principes,  ça nous rassure, et si nous avons des idées arrêtés et peu progressistes, c’est parce que le progrès nous fait coucou depuis une autre planète à laquelle nous ne comprenons rien, nous ne voulons pas nous accrocher à un wagon inconnu, nous voulons rester à détester ceux qui sont comme nous, au moins nous savons ce que nous détestons, les autres nous font nous sentir encore plus petits, comme des bras qui ne seraient pas assez longs pour l’avenir, des photos en noir et blanc d’antan nous voulons, pas par méchanceté, encore que certains, mais par insuffisance, d’ordinaire on nous demande tant d’efforts, mais nous ne savons pas courir aussi vite aussi loin avec nos cerveaux pas encore relookés mondialisés, les femmes sont si moches voilées qu’on a du mal, leur dieu aussi con que le nôtre, le vieux, celui qu’on nous a fait avaler avec la première communion, et pourtant comme dit la philosophe, pas la peine de résister, le changement est là, qu’on le veuille ou non, mieux vaut s’organiser, l’organiser, avec un peu de bienveillance, parce qu’on n’a plus d’idées universelles joliment enguirlandées empaquetées dans des lendemains qui braillent des chansons populaires, on peut aussi se mettre au vert, ça au moins, on pourrait un peu pour respirer un bon coup et puis gribouiller quelques étoiles auxquelles on mettrait une corde autour du cou et on se balancerait souriant à l’avenir sur le même banc, on se disputerait jusqu’à la nuit tombée, tellement on s’engueulerait qu’au petit matin on n’aurait plus de forces et on s’endormirait sur la même banquise parmi les ours polaires grincheux qui nous foutraient à la mer pour leur avoir piqué leur casse-croûte

Billet d’humeur, 14 décembre

Mark Flood
Mark Flood

Faut-il aller de l’avant quand on ne sait pas où c’est ?/ Qu’est-ce qui te permet de prétendre que tu es vivant ?/ L’individualisme se mord la queue mais nous ne sommes pas malheureux / Il s’était arrangé une petite vérité à l’intérieur de la grande, en fermant quelques portes pour que sa vérité ne souffre pas de courants d’air / Entendu à la radio : ce ne sont pas les plus pauvres qui cherchent à traverser la Méditerranée, ceux-là n’ont pas l’argent pour le passage, ce sont ceux qui préfèrent mourir plutôt que de vivre sans espoir / S’élever jusqu’à la beauté d’un flocon de neige qui danse avant de s’écraser au sol

billet d’humeur, 29 septembre

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Jean-Charles Massera

Was soll die Kunst ? Le performeur est sceptique, il se parle, il se critique, il se donne raison, il veut avoir raison. Pas émotion. Il s’en veut de s’en vouloir, pas sujet, objet à la limite. Objet à côté d’autres. Objets. Qu’est-ce qu’un sujet? Vous avez deux minutes trente. L’art est populaire. Michel Sardou sans le son. Et puis l’art de regarder ne se voit pas. Et puis l’art de voir ne donne pas les chiffres du chômage. Et puis le chômage ne donne pas le droit de planter des idées chez le voisin. Et le voisin, la voisine plutôt, qui récupère tout, les vieux jouets, les vieux concepts, la porcelaine ébréchée, les idées rances, les vieux garçons, les artistes en mal de critique. Parce que la société, tu la critiques ou tu es, tu la critiques où tu es, tu bouges, tu participes à la critique, tu fais électrons contre protons, la guerre des trônes, tu te pavanes en fleur de lys, tu amuses la galerie, tu fais maintien de l’équilibre. Für Ordnung ohne Recht. Tu fais la guerre avec d’autres moyens. L’art est ce qui est numéroté et classé au supermarché des prototypes. Le robot est artiste comme les autres, l’avenir de l’art n’est pas rouillé, il est en pièces détachées en provenance d’une usine asiatique, c’est un soldat jaune qui participe au bal des estropiés. L’art, c’est le début de l’enfance, les ombres s’y promènent et vont ressurgir au coin de la rue, transformées en peurs du silence.

Billet d’humeur, 5 janvier

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Gustave Courbet

Promets-leur de l’espoir, promets-leur les larmes et le sang de l’espoir, promets-leur le retour de l’espoir, le temps de l’illumination, promets-leur la marche glorieuse vers le vrai après la destruction du temple, promets-leur une illusion plus grande, promets-leur le retour des dieux et des fantômes, promets-leur les vampires qui sauveront la planète, qui lui suceront le sang mauvais des idoles de pacotille, promets-leur le sourire vers le futur, la paille pour l’avaler à gorgées interrompues, promets-leur la mort des tyrans, des bureaucrates interchangeables à dents de crocodile, Lire la suite

Billet d’humeur, 4. Januar

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 « Der faschistische Führer gebe ein Modell für das Verhalten seiner Anhänger, sie sollen sich nicht zivilisiert benehmen, sie sollen schreien , gestikulieren, ihren Gefühlen freien Lauf lassen » adorniert jemand/ Überzeugte sind für Argumente sowieso unerreichbar, viral flüchten sie in warme Zellen/ draußen klammert sich die Kälte an die Landschaft, eine Katze schaut vorbei, schwarz und nichtsaussagend/ Lire la suite

Billet d’humeur, 11 octobre

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Guerrilla Girls

le rideau de pluie pleure silencieux le vert s’aggrave le long des prés s’assombrit pour faire le deuil de l’été qui est venu se répandre encore un peu sur nos têtes des sentiments qui ne se cabrent jamais ne faut pas vivre la vie des bêtes à la limite celle des oiseaux faudrait que la vie en moi cesse que la joie m’illumine que je rayonne comme un soleil de l’intérieur que tout soit léger le poids d’une plume dansante le vent reste silencieux ce matin la pluie tombe droite il est des douceurs comme des malheurs en berne et puis se hissent à nouveau pour avancer contre vents et marrées nous n’arriverons pas à bon port les ports n’existent pas ou sont des étapes intermédiaires entre soi et le monde Lire la suite